Jean-Laurent VONAU, professeur émérite de la faculté de droit de Strasbourg, souhaite réagir au dossier sur les Malgré-nous dans les manuels scolaires publié dans les DNA du 2 avril. Il a notamment adressé un courrier à Michel LUSSAULT, président du Conseil supérieur des programmes.
« Il est normal que vous laissiez les enseignants composer les programmes, et naturellement, on ne peut pas “entrer dans le débat de chaque spécificité historique” ni prendre en compte “toutes les modulations locales et territoriales de l’histoire générale”. Cela va de soi !
Cependant, il me semble qu’il est primordial que le programme et les différentes thématiques correspondent à la réalité historique. Ainsi, votre entrée thématique s’avère trop générale, tellement réductrice qu’elle ne correspond pas au vécu institutionnel des personnes concernées. Lorsqu’on considère que l’histoire de la Seconde Guerre mondiale pour la France se borne à l’étude de “la France défaite et occupée, du régime de Vichy, de la collaboration et de la Résistance”, il est évident que l’on occulte volontairement ou involontairement un événement de première importance qui est l’annexion à l’Allemagne d’une partie du territoire national. Il n’y a pas qu’une France libre et une France occupée après le 22 juin 1940, il y a en plus une France annexée de fait.
Ainsi, en Moselle, dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, entre juillet 1940 et novembre 1944, il n’y a plus aucune autorité française. Cette situation est une atteinte profonde à la souveraineté française. On est loin d’un événement local.
Dès lors, il devient normal de parler de l’incorporation de force dans l’armée allemande de ressortissants français, ce qui constitue non seulement un crime de guerre mais également un crime contre l’humanité puisqu’on y appliquera des critères raciaux. »